Lieutenant de Spahis au Maroc en 1917

Le Groupe Mobile de Taza avait pendant la guerre de 1914-1918 une tâche particulièrement ardue à remplir: il avait devant lui les Harkas d’Abd-El-Maleck troupes aguerries, dressées militairement et commandées par des Allemands et des déserteurs de la Légion Etrangère, très bien armées du Mauser Espagnol à chargeur, et abondamment ravitaillées en argent et en munitions, grâce à leur proximité de la zone espagnole.

Au cours des combats incessants que dût soutenir le Groupe Mobile, on s’aperçut vite que devant cet ennemi invisible, dissimulé dans des tranchées, et dont les feux de salve, admirablement exécutés ne manquaient pas leur buts, les uniformes de toile blanche, les vestes rouges de nos spahis et les tuniques bleu-clair de nos chasseurs d’Afrique offraient des cibles trop visibles. Aussi, dans le Groupe Mobile de Taza, l’uniforme que nous représentons ci-contre fut-il adopté pour les spahis, toujours en avant et les premiers au danger. Ils abandonnèrent leurs vestes rouges si jolies sous le soleil d’Afrique et se revêtirent de toile kaki. Sous le haut turban, leurs figures bronzées s’encadrèrent de kaki, et ils s’enveloppèrent de la djellaba marocaine, en toile de même nuance. Ce vêtement très ample, à larges manches, laissant la liberté à tous les mouvements et léger sous le soleil, fut adopté par la suite par bien des officiers de toutes les armes. Celui que nous avons représenté porte, par dessus sa djellaba, le ceinturon anglais, devenu depuis réglementaire avec sa banderole, et apporté au Maroc vers 1916 par des officiers revenant du front français. Il a la tête enveloppé du cheich voile très léger que l’on portait auparavant de couleur blanche, mais que le commandement nous avait recommandé de porter dorénavant de nuance kaki. Il est chaussé de bottes en cuir rouge, d’un cuir très souple que les Marocains nomment filali.

Le sous-officier français porte, avec la djellaba la chéchia recouverte d’un manchon kaki. Le cheval du spahi indigène porte au cou le collier à cartouches adopté en France pendant la guerre, et son cavalier la ceinture contenant les chargeurs.

Enfin, le cheval de l’officier à la crinière rase et la queue longue, usage répandu au Maroc pour les montures d’officiers, dans le but d’éviter aux chevaux l’invasion des nombreux parasites qui pullulent chez les nobles coursiers des Marocains et qui infestent les terrains des camps dès qu’on y séjourne plusieurs jours.

Jacques Hilpert, extrait du Passepoil, n°2, 1922. Numérisé et mis en ligne par La Sabretache.

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