Joseph Vantini, dit Youssouf, né à l’île d’Elbe en 1808 et mort le 16 mars 1866 à Cannes est un général français.

Son nom, son histoire, semblent parfaitement inconnus du grand public. Même son surnom : Général Youssouf, ne nous éclaire pas trop. Et pourtant…

On connaissait le mameluck Youssouf, au service de Napoléon 1er, qui, lors de la bataille d’Austerlitz, avait exprimé à l’Empereur ses regrets de ne pas avoir pu attraper le frère du Tsar de Russie et lui amener sa tête coupée, ce à quoi l’Empereur avait répondu : « Veux tu te taire, vilain sauvage ! » .

Cet autre Youssouf, totalement étranger au premier, peut nous amener à un nombre intéressant de figurines à peindre, en tirant simplement le fil de sa longue et passionnante histoire.

Colonel Yusuf 1835 par Maurice Toussaint, Anne S.K. Brown Military Collection 1

Le cours de sa carrière révèle, à chaque pas , une constante alliance de ses traits principaux de caractère, charme, ruse, décision et absence de pitié, bien propres à son éducation, son époque et la région de ses exploits.

De l’île d’Elbe à Sidi Ferruch

Vers 1814, il fut embarqué pour Florence où on l’envoyait faire ses études; mais le navire qui le portait ayant été capturé par un corsaire barbaresque, Joseph, conduit à Tunis, échut en partage au Bey. Devenu musulman, il prend le nom de Youssouf. Il est placé dans le sérail, il ne tarda pas à se concilier l’affection de ses maîtres. Il apprit en peu de temps le turc, l’arabe, l’espagnol, gagna, par son adresse dans tous les exercices militaires, l’amitié du Bey.

Mais engagé dans une intrigue avec une des filles du Prince, et surpris un jour, dans un de ses rendez-vous, par un gardien, il conçut aussitôt l’audacieuse résolution de s’en défaire ; il jeta le corps dans une piscine profonde, n’en conservant que la tête, et le lendemain, pendant que la jeune princesse l’entretenait des vives terreurs auxquelles elle était en proie, il la conduisit, pour toute réponse, dans la chambre voisine, et lui montra, dans l’une des armoires, la tête de l’esclave dont il avait arraché la langue. Cependant, il ne songea plus dès lors qu’à quitter Tunis, et prépara son évasion. Pendant quelques jours, il feignit d’être malade, obtint enfin la permission de sortir du sérail, et trompant la vigilance de ses gardiens, il put concerter les moyens de s’échapper.

Au mois de mai 1830, alors que le brick français l’Adonis était dans la rade, Youssouf se débarrassa de cinq turcs qui voulaient le retenir à terre et parvint à son bord. Et c’est ainsi qu’il débarqua à Sidi Ferruch (Algérie) avec l’armée.

Infanterie de Ligne 1830 par Maurice Toussaint, Anne S.K. Brown Military Collection

Premiers faits d’armes

Pendant la campagne, il resta attaché au général en chef, et fut placé comme interprète militaire auprès du commissaire général de police. Plusieurs missions périlleuses dont il s’acquitta avec zèle et intelligence, près des chefs des diverses tribus éloignées, lui ouvrirent enfin la carrière des armes.

Il fut nommé capitaine dans le 1er régiment, des chasseurs d’Afrique le 25 mai 1831, et bientôt après promu aux fonctions de lieutenant de l’Agha. (Agha ou aga (turc moderne: Ağa, persan: آغا ), du turc agha ‘chef’, ‘maître’, ‘seigneur’. Titre d’un officier civil ou militaire, ou une partie de ce titre. Dans l’Empire Ottoman, les commandants des différentes branches des forces militaires étaient appelés aghas; par ex. azap agha, besli agha signifiant commandant d’un azap, commandant d’un besli.)

2e Régiment de Chasseurs d’Afrique 1832 par Maurice Toussaint, Anne S.K. Brown Military Collection

La prise de Bône

Désigné par le duc de Rovigo ( général Savary ) pour faire partie de l’expédition de Bône (aujourd’hui Anaba), il aida de son courage le capitaine d’artillerie d’Armandy et ce fut aux efforts de ces deux officiers que l’armée dut de pouvoir occuper la citadelle, presque sans coup férir. Cette action valut à Youssouf la croix de la Légion d’honneur. Il contribua plus tard à conserver cette conquête à la France.

C’est lors de la prise de Bône que se tient un évènement qui reflète bien la personnalité de cet homme d’exception. Les Turcs qui s’étaient rangés aux côtés des Français et que Youssouf commandait souhaiter se retourner contre lui et l’assassiner. Youssouf ayant été mis au courant s’arrête, et s’adressant à sa troupe déclare: « Je sais, dit-il, qu’il y a parmi vous des traîtres qui ont résolu de se défaire de moi dans la nuit prochaine. Je les connais, qu’ils frappent d’avance ceux qui ne craindront pas de porter la main sur leur chef. » Puis se tournant vers l’un d’eux : « Toi, tu es du nombre, lui dit-il, et il l’étend mort à ses pieds. » — Cet acte de résolution déconcerte les conjurés ; ils tombent à ses genoux, et lui jurent une fidélité à laquelle ils n’ont pas manqué depuis…’’

Youssouf se fit encore remarquer pendant les campagnes de 1832 et 1833, et fut nommé, le 7 avril 1833, chef d’escadron dans le corps des spahis réguliers du « colonel-agha » Marey.

Chasseurs d’Afrique 1833 par Maurice Toussaint, Anne S.K. Brown Military Collection

Une carrière d’exception

Youssouf  fut nommé officier de la Légion d’honneur le 14 août 1835. Sa conduite distinguée en 1836 et 1837 lui valut, le 18 février 1838, le grade de lieutenant-colonel, et il fit, à la tête de son corps de Spahis, les campagnes de 1838 à 1841. Il a été nommé colonel de la cavalerie indigène d’Afrique le 19 mai 1842, et promu au grade de maréchal de camp  après la bataille d’Isly.

La prise de la Smala d’Abd El-Kader

Dans l’expédition du duc d’Aumale (Henri d’Orléans 1822-1897) contre la Smala, Youssouf, toujours à l’avant garde avec ses spahis, éclairait la colonne ; s’apercevant que sa marche était signalée par des indigènes qui allumaient des feux, il décida de faire un exemple, parvint à en surprendre quelques-uns et les fit exécuter, sur le champ. Le procédé était cruel, mais produisit son effet ; les signaux lumineux cessèrent, ce qui permit de surprendre la Smala. Lors de la Prise de la Smala d’Abd El Kader le 16 mai 1843, Youssouf avait avec lui, trois escadrons de spahis et les trois escadrons de chasseurs d’Afrique du lieutenant-colonel Morris : « Eh bien ! messieurs, en avant ! », lança le duc d’Aumale.

Bientôt les spahis au burnous rouge partirent au galop. La surprise fut telle que les femmes, les prenant pour des cavaliers réguliers de l’Emir, poussèrent des you-yous afin de célébrer leur retour. Cette joie se transforma en stupeur lorsque les premiers coups de feu éclatèrent ; un cri lugubre se propagea : « Er Roumi, er Roumi ! » (les colons sont appelés roumis par les autochtones) Youssouf avec ses spahis se précipita sur le douar d’Abd El-Kader, tandis que le duc d’Aumale avec l’intrépide Morris abordait la Smala de flanc. La panique saisit la foule et provoqua un sauve-qui-peut général, si bien que les troupes françaises s’emparèrent de milliers de prisonniers et d’un immense butin, en n’éprouvant que fort peu de pertes. Youssouf fit dresser pendant la nuit, devant la tente du duc d’Aumale, la tente d’Abd El-Kader, et la fit entourer des drapeaux, des armes et des plus beaux trophées enlevés à l’ennemi, pour donner au jeune prince un joyeux réveil. Il fut cité, dans le rapport rédigé par le duc d’Aumale, pour « son brillant courage et son intelligence militaire. »

Le Duc d’Aumale 1843 par Maurice Toussaint, Anne S.K. Brown Military Collection

Le « Murat de l’armée d’Afrique »

Youssouf avait conquis l’estime et l’affection du général  Bugeaud, qui le considérait comme un magnifique cavalier, et l’appelait le « Murat de l’armée d’Afrique ». Après le départ pour la France de l’illustre Maréchal, il n’eut plus guère l’occasion de chevauchées, car Abd El-Kader s’était réfugié au Maroc et fut bientôt amené à se rendre : l’ère glorieuse était close. Nommé inspecteur général permanent de la cavalerie indigène, il eût voulu, par-dessus tout, être admis dans le cadre des généraux français, il ne l’était qu’à titre indigène ; malgré ses efforts et ceux de ses amis et malgré l’appui de Bugeaud lui-même, il ne pouvait y parvenir.

Le Maréchal Bugeaud par Maurice Toussaint, Anne S.K. Brown Military Collection

Le livre qu’il publia en 1851 « De la guerre en Afrique » témoigne de la  hauteur de ses vues. Les principes qu’il y exposait ont servi de bases aux règlements spéciaux si nécessaires à l’Armée d’Afrique. Aux conseils militaires pratiques, il ajoutait des pages d’une portée plus haute, celles par exemple où il indiquait le rôle de l’officier des bureaux arabes :

« La France veut coloniser, écrivait-il ; elle appelle de ses vœux le moment où la charrue pourrait ouvrir ce nouveau sol, où les baïonnettes ne seront plus que protectrices, et où le colon n’aura plus à craindre de voir surgir un ennemi derrière chaque buisson. Dès ce jour (puisse-t-il bientôt luire), l’officier des bureaux arabes verra encore, s’agrandir sa mission : il sera, plus que jamais l’homme nécessaire, le trait d’union indispensable ; pendant de longues années, il sera appelé, sur les zones de l’intérieur, à diriger, surveiller, protéger la colonisation qui aura franchi le Sahel, et se sera aventuré presque jusqu’au désert. »

Enfin Youssouf obtint en décembre 1851 la récompense qu’il souhaitait ardemment, l’admission dans le cadre des généraux français ; le Président de la République, Louis-Napoléon (Napoléon III), lui écrivit à ce sujet : « Il était juste que la France adoptât celui qui, depuis de longues années, la défend en Algérie avec tant de courage et de dévouement. »

Trente-cinq années au service de la France

En 1854, durant la guerre de Crimée, le général Youssouf forma en Bulgarie 6 régiments de Bachibouzouk qui furent licenciés au bout de 2 mois. A son retour il fut promu général de division, et dirigea, d’après les ordres du général Randon, des colonnes qui participèrent de la façon la plus efficace, en 1856 et 1857, à la soumission définitive de la Kabylie. La grande expérience que Youssouf avait du Sahara et des indigènes lui permit de rendre, pendant l’insurrection de 1864, des services importants dans le Sud des provinces d’Alger et d’Oran. Cependant, le maréchal de Mac-Mahon, nommé gouverneur général de l’Algérie, lui déclara au début de 1865 qu’« avec de nouveaux systèmes, il fallait des hommes nouveaux ». Façon pour le moins cavalière de le remercier de ses brillants services pendant 35 ans.

Youssouf demanda la division de Montpellier, mais il tomba gravement malade et alla mourir à Cannes le 16 mars 1866.

Colonel Philippe Barreaud †  2

1 L’ensemble des illustrations sont issues de la collection Anne S.K. Brown Military Collection https://library.brown.edu/info/collections/askb/index/

2 Le colonel Barreaud était un figuriniste et un ami du webmestre du site, il avait écrit cet article quelques années avant sa mort. Il n’avait pas été publié et était tombé dans les limbes d’une boite email, voilà ce manquement réparé. 

 

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Photo de sous-officiers et de spahis indigènes du 4e RSM (Juillet 1940) Coll. Spahis.fr

Il n’est pas toujours facile de connaitre la répartition exacte dans un régiment de spahis entre les spahis indigènes et les spahis français. Les origines ne sont pas constamment signalées dans les archives.

Pour avoir une idée générale de la composition d’un escadron de spahis, nous pouvons nous référer à titre d’exemple à la composition du 3e Escadron du 4e RSM à l’entrée en guerre en 1939. Cet escadron était commandé par le capitaine Brière, il été composé comme suit:

  • 4 officiers français et 1 officier indigène
  • 11 sous-officiers français et 4 sous-officiers indigènes
  • 5 brigadiers-chefs français
  • 5 brigadier français et 14 brigadiers indigènes
  • 15 spahis français et 108 indigènes

L’escadron comptait 40 spahis français et 127 spahis indigènes.

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Lucien Rousselot (1900-1992) fait partie des grands noms de la peinture militaire. Membre de La Sabretache, peintre titulaire des armées, il s’illustre dans la réalisation de grandes séries de planches relatives à l’épopée impériale et à l’armée française. C’est en 1931 qu’il réalise une série de 77 aquarelles sur les uniformes de l’armée d’Afrique pour le musée Franchet d’Esperey d’Alger. Elles sont ensuite éditées en cartes postales et vendues à la boutique du musée.

Inauguré en 1930 pour le centenaire de la conquête de l’Algérie, le musée est située dans l’ancien palais du Dey au cœur de la Casbah. On y trouvait des collections de souvenirs militaires relatifs à la conquête et à la présence française en Algérie. Rénové en 1946, nous ne savons pas ce que sont devenues ses collections suite à l’indépendance en 1962.

Voici dans l’ordre chronologique la série des cartes consacrées aux spahis.

Si vous souhaitez voir les cartes en grand format, cliquez dessus. 

Pour plus d’information sur le musée Franchet d’Esperey voir:

http://alger-roi.fr/Alger/musee_franchet/musee_franchet.htm

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Le 6e Spahis Algériens était en garnison à Compiègne, il était avec le 4e Spahis Marocains de toutes les fêtes militaires de la Capitale avant la Seconde Guerre mondiale. Voici la silhouette pittoresque du timbalier du 6e Spahis tel qu’il a été vu par Maurice Toussaint au concours hippique de Paris en juin 1932.

Timbalier du 6e Spahis en 1932 par M. Toussaint (attention le tombô du boléro devait être rouge et non bleu qui était la couleur des spahis tunisiens).

Lors des prises d’armes, l’harnachement comporte des colliers, têtières et tresses de fantaisie, en lainage jonquille, la crinière nattée de 12 tresses agrémentée de 13 macarons sur le dessus de l’encolure, la naissance de la queue nattée et garnie de trois gros pompons. Pour la têtière triangulaire et le licol (gladda) chaque escadron a une couleur différente, correspondant à celle du fond du fanion: 1er bleu, 2e rouge, 3e vert, 4e bleu, 5e jaune.

Le chapeau chinois a une hampe rouge surmontée du globe (koura sphère représentant le monde) et du croissant (hilal, le croissant de l’Islam). Deux queues de cheval blanches, aux extrémités, passées au henné, pendant de chaque côté.

Les trompettes seuls ont les galons de fonction aux manches. La fourragère est bleue mélangée de jaune.

Ci dessous, communiqué par le régiment, un schéma de la disposition et de la composition de la fanfare. Sur la planche, M. Toussaint a respecté les indications données par un officier du régiment au sujet de la place des instruments entourant le chapeau chinois, quoique certains documents photographiques donnent un tambourin à sa gauche.

Schéma décrivant la composition de la fanfare du 6e spahis

Commandant E.-L. Bucquoy, extrait du Passepoil, n°2, 1933. Numérisé et mis en ligne par La Sabretache.

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Le Groupe Mobile de Taza avait pendant la guerre de 1914-1918 une tâche particulièrement ardue à remplir: il avait devant lui les Harkas d’Abd-El-Maleck troupes aguerries, dressées militairement et commandées par des Allemands et des déserteurs de la Légion Etrangère, très bien armées du Mauser Espagnol à chargeur, et abondamment ravitaillées en argent et en munitions, grâce à leur proximité de la zone espagnole.

Au cours des combats incessants que dût soutenir le Groupe Mobile, on s’aperçut vite que devant cet ennemi invisible, dissimulé dans des tranchées, et dont les feux de salve, admirablement exécutés ne manquaient pas leur buts, les uniformes de toile blanche, les vestes rouges de nos spahis et les tuniques bleu-clair de nos chasseurs d’Afrique offraient des cibles trop visibles. Aussi, dans le Groupe Mobile de Taza, l’uniforme que nous représentons ci-contre fut-il adopté pour les spahis, toujours en avant et les premiers au danger. Ils abandonnèrent leurs vestes rouges si jolies sous le soleil d’Afrique et se revêtirent de toile kaki. Sous le haut turban, leurs figures bronzées s’encadrèrent de kaki, et ils s’enveloppèrent de la djellaba marocaine, en toile de même nuance. Ce vêtement très ample, à larges manches, laissant la liberté à tous les mouvements et léger sous le soleil, fut adopté par la suite par bien des officiers de toutes les armes. Celui que nous avons représenté porte, par dessus sa djellaba, le ceinturon anglais, devenu depuis réglementaire avec sa banderole, et apporté au Maroc vers 1916 par des officiers revenant du front français. Il a la tête enveloppé du cheich voile très léger que l’on portait auparavant de couleur blanche, mais que le commandement nous avait recommandé de porter dorénavant de nuance kaki. Il est chaussé de bottes en cuir rouge, d’un cuir très souple que les Marocains nomment filali.

Le sous-officier français porte, avec la djellaba la chéchia recouverte d’un manchon kaki. Le cheval du spahi indigène porte au cou le collier à cartouches adopté en France pendant la guerre, et son cavalier la ceinture contenant les chargeurs.

Enfin, le cheval de l’officier à la crinière rase et la queue longue, usage répandu au Maroc pour les montures d’officiers, dans le but d’éviter aux chevaux l’invasion des nombreux parasites qui pullulent chez les nobles coursiers des Marocains et qui infestent les terrains des camps dès qu’on y séjourne plusieurs jours.

Jacques Hilpert, extrait du Passepoil, n°2, 1922. Numérisé et mis en ligne par La Sabretache.

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Spahis.fr est heureux de vous annoncer l’édition de sa deuxième figurine plate. Il s’agit d’un officier indigène des spahis algériens d’après une planche de Lucien Rousselot. Notre officier est représenté dans les années 1920.

La figurine est gravée sur une face par Daniel Lepeltier, elle est à l’échelle 45mm. Elle est proposée non peinte au prix, pour la France, de 12,50€ (frais de port compris).

Si vous souhaitez vous la procurer vous pouvez nous contacter via l’onglet contact en haut de cette page.

Version peinte par Philippe Fourquet

 

Planche de Lucien Rousselot ayant servi de dessin de base pour la réalisation du moule.

 

Moule en ardoise gravé par Daniel Lepeltier.

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C’est en pensant à mon Maghzen (1), à tous ceux désarmés, abandonnés, assassinés et oubliés, qu’ils soient d’Afrique, Sénégalais….ou d’ Orient, Méos, ou Chrétiens du Nord Viet Nam, ou bien encore d’Afrique du Nord Moghaznis ou Harkis, que je leur dédie ces quelques mots :

Ma prière

C’est à toi, Bou mon Mokadem (2)
A toi Salah transfuge du FLN, rallié à la France
A toi Zouér fidèle serviteur et ordonnance
A vous tous qui m’avez accompagné et particulièrement à toi Larb né SNP(sans nom patronymique, X) que j’adresse ma prière.

Dans le grand emballement final, vers qui tes yeux, à l’ultime seconde, se sont-ils tournés ? Tes parents ? impossible. Tes copains ? Peut être. Tes bourreaux ? C’est sûr. As-tu même aujourd’hui une tombe ? J’en doute. Vers qui tes dernières pensées s’en sont-elles allées ? Peut- être un douar ? Peut-être une mechta ? Peut-être un foyer ? Peut-être vers moi ? Ce salaud de petit sous-lieutenant à qui la France avait dit, que ton pays et toi Larb, vous étiez la France. Et bien sache, que ce petit sous-lieutenant t’a menti, à toi et à tes copains, sans le savoir, au nom de son pays, qu’il a toujours cru jusqu’aux derniers instants passés au milieu de vous en la parole et aux engagements dont sa Patrie l’avait investis « l’Algérie restera française » Telle était l’assurance que Celle-ci lui avait donnée. J’ai obéi aux ordres !

« Bâtir, convaincre, instruire, soigner et administrer » telle était la devise des Affaires Algériennes
C’est avec ces mots là que j’ai servi la France et c’est pour ces mots là, qu’ils t’ont assassiné
Puisse un jour tout de même, ton Dieu et Le mien fassent que nous nous retrouvions, amis et ennemis d’hier, au Paradis promis.

Jean-Pierre Albet, Ex-Officier des Affaires Algériennes

(1) Section de 30 à 40 hommes
(2) Sergent

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Le Burnous est une association créée en 1895 dans le but de favoriser l’entraide et la fraternité entre les anciens militaires ayant servi en tant que Spahis, Goumiers, Sahariens, Méharistes et Supplétifs.

Carte d’adhérent du Burnous datant de l’entre-deux-guerres

Encore active aujourd’hui cette association, en plus de sa mission première, perpétue désormais auprès des jeunes générations le souvenir de ceux qui ont porté le burnous et la chéchia depuis 1831.

Drapeau Le Burnous

Premier drapeau de l’association exposée au musée des spahis de Senlis

Afin de récompenser ses membres méritants l’association édite dès ses débuts une médaille. Il existe plusieurs types qui ont été décernés jusqu’à aujourd’hui.

Spahi du 3e RSA arborant la médaille coloniale avec agrafe et la médaille du Burnous

Nous vous présentons les trois premiers types.

1er type: Plaquette de bronze de 50 mm de large pour 73 mm de hauteur, gravée au nom du membre auquel elle est attribuée. Poinçon BRONZE sur la tranche.

A l’avers:
Marianne en cuirasse portant une cape, arborant en chef un bonnet phrygien orné de feuilles de chênes, inscription République Française, signature du graveur S. E. Vernier.
Au revers:
Attribution au nom et grade du récipiendaire: “Le Burnous au…”,
palme de laurier.

Ce modèle est rare puisqu’il est indiqué comme inconnu dans le numéro 92 de la revue Symboles & Traditions. Il daterait des premières années de l’association.

2e type: Médaille circulaire en argent de 31 mm de diamètre et de 44 mm de hauteur avec la bélière.

A l’avers:
Signature F. Rasumny,
casque coloniale à fond peu élevé,
cheveux de l’effigie personnalisant la République très épars sur l’épaule droite,
inscription Honneur et Patrie.
Au revers:
Signature du graveur S. Duseaux,
cartouche rectangulaire ornementé au centre et légèrement décalé vers le bas,
inscription “Fondée le 26 juin 1899” sur deux lignes placées au-dessus du cartouche et un peu décalé vers la droite,
inscription en cercle sur le pourtour “Association Amicale et Philanthropique des Anciens Spahis Le Burnous”.

Ruban de 37 mm de largeur vert, avec une bande rouge de 3mm de largeur placée à 1 mm de chaque bord. L’insigne agrafé sur le ruban comporte une banderole émaillée bleu, blanc et rouge dans laquelle est inscrit de gauche à droite: “26.6 Le Burnous 1899”.
Que cela soit sur l’agrafe ou sur la médaille, il y a une erreur au niveau de la date réelle de la fondation de la société.
Ce type daterait des années 1900 puisqu’il est mentionné dans l’ouvrage du lieutenant Sculfort édité en 1912.

3e type: Médaille similaire au modèle précédent. Elle se distingue de celui-ci par:
A l’avers:
Absence de signature du graveur,
un casque colonial à fond plus haut,
cheveux de l’effigie plus rassemblés dans le cou,
inscription “Honneur et Patrie”
Au revers:
Absence de signature du graveur,
cartouche rectangulaire très décalé vers la gauche,
inscription ramassée en petites lettres sur quatre lignes et nettement décalée vers le haut à droite
On note une nette différence dans la bélière qui est liée d’un ruban vers le bas remplaçant la boule existant dans le deuxième type. Ruban de 37 mm de largeur également mais avec une bande rouge de 4,5 mm de largeur placé sur chaque bord. L’insigne agrafé est davantage formé en U et la banderole tricolore et nettement plus large.

La date de la création de ce 3e type n’est pas connue mais d’après Symboles & Traditions elle se situe vraisemblablement dans les années ayant suivies la fin de la Première Guerre Mondiale.

Il existe un 4e type créée en 1954 mais que nous ne possédons pas encore. Celui-ci fera l’objet d’une prochaine mise à jour.

Burnous avers CR

 

Burnous revers CR

En mémoire d’Ali Bellout (1893-1957). Ancien spahi demeurant à Philippeville, il portait en permanence sur sa veste la médaille du Burnous, il circulait dans une rue de sa cité le 6 septembre 1957 lorsqu’il a été assassiné par le FLN.

Sources: Revues du Burnous; Symboles & Traditions n°92 p.46 et 47

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André Guilhot naît dans la région lyonnaise le 7 janvier 1906. Il est le plus jeune d’une fratrie de 6 frères. L’aîné des six frères, Joseph s’engage dans les rangs du 3ème Bataillon de Marche d’Infanterie Légère, les fameux « bat’ d’af’ ». Le sergent Joseph Guilhot participe à la première guerre mondiale, il meurt au combat le 23 avril 1915 lors de la seconde bataille d’Ypres à l’âge de 23 ans.

Suivant les pas de son frère Joseph, André s’engage au 2ème Régiment de Spahis Marocains basé à Marrakech. A cette époque, André entretient une correspondance avec sa future femme qui est une Alsacienne vivant aux Etats-Unis. Il se rencontre à Paris en 1931 et se marient peu après.

En 1938 le régiment d’André est rappelé en France, il participe à la difficile campagne de mai-juin 1940. Suite à la défaite de nos armes, il est démobilisé. Il s’installe en Lorraine où il va vivre pendant quelques temps. Il redevient un civil et pour subvenir aux besoins de sa famille, il travaille à l’usine de montres Japy Frères à Beaucourt.

C’est en 1942 qu’il décide de rejoindre l’Afrique du Nord et de s’engager dans les rangs du 3ème Régiment de Spahis Algériens. Avec son régiment, il participe aux durs combats d’Italie dans les rangs du Corps Expéditionnaires Français avant de rejoindre le sol de France et de lutter pour la libération du territoire national.

En décembre 1944, son régiment est durement engagé dans la bataille des Vosges. C’est lors de ces combats que le sous-lieutenant Guilhot va trouver la mort. En effet, au matin du 12 décembre André et les hommes de son peloton mènent une reconnaissance vers le village du Bonhomme. Ils tombent sur des soldats allemands retranchés dans une ferme dénommée Ferme de la Violette. C’est lors de la prise d’assaut de la ferme qu’André Guilhot est tué. Son corps est enterré provisoirement au cimetière du village avant d’être transféré après la guerre dans la nécropole nationale de Strasbourg où il repose encore aujourd’hui.

Pour son action lors de la prise de la Ferme de la Violette au Bonhomme, le sous-lieutenant André Guilhot est décoré de la Légion d’honneur et de la croix de guerre avec palme.

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Photos: Coll. privée

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Le premier insigne du 7e Régiment de Spahis Algériens est créé juste avant la Seconde Guerre mondiale, en 1938, par le lieutenant-colonel de Torcy qui commande le régiment à cette période. On retrouve un spahi en tenue à l’orientale sautant avec sa monture à travers un croissant doré. Le cheval a les naseaux fumants et le spahi porte un bouclier sur lequel figure le numéro du régiment. Dans le croissant il y a la devise arabe: ” Par Dieu nous vaincrons”.

Durant la campagne de France, ce régiment fait partie de la 2e Brigade de Spahis avec le 9e RSA, cette brigade freine l’avancée allemande vers Besançon du 14 au 18 juin 1940.

Il existe plusieurs variantes de cet insigne en fonction de la période de fabrication

En 1943, le régiment se reforme en Algérie et c’est le colonel Winsback qui fait réaliser un nouvel insigne. Il demande aux gradés et spahis du 7e RSA d’établir un projet d’insigne. Celui de l’adjudant-chef Girault est retenu et la maquette est réalisée par le maître armurier Delumeau. Il représente le burnous et le yatagan essentiellement spahis et le colonel Winsback étant Lorrain, la croix de Lorraine laquelle n’avait d’autre signification que de rappeler la terre natale du chef de corps. Cet insigne est réalisé à Toulouse (non sans difficulté par l’officier de détails du 7e RSA à l’époque, le lieutenant Devaud) et il est ensuite vendu aux gradés et spahis du régiment.

Insigne du brigadier-chef René Bouhant

A la mort du colonel Winsback (26 février 1945), le colonel de Chabot reprend l’ancien insigne du 7e RSA (celui de 1938) qui, réalisé par la maison Drago redevient l’insigne officiel du régiment. La reprise de l’ancien modèle par le colonel de Chabot explique que l’on trouve des photos datant de la période 1944-46 avec les deux types d’insignes.

Brigadier indigène du 7e RSA

Maréchal des logis du 7e RSA arborant le premier modèle de l’insigne régimentaire

 

Lieutenant du 7e RSA indication au dos: Forêt Noire juillet 1945.

Lieutenant du 7e RSA arborant l’insigne du modèle Winsback 

Après la Seconde Guerre Mondiale, le 7e Spahis est cantonné à Senlis où il joue le rôle d’une unité de prestige lors des défilés, des commémorations et des fêtes hippiques. Il est dissous comme la plupart des unités de l’armée d’Afrique en 1962.

Sources:

  • Thierry Moné et Jean-François Tixier, Les insignes des spahis, Charles Lavauzelle, 1999
  •  A vos chevaux bulletin de liaison des anciens de la 1ère Brigade de Spahis n° du 4 d’avril 1952
  • Insignes issus d’une collection privée
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